The European Azerbaidjan
MONSIEUR le Sénateur,, André Reichardt,
MESDAMES, MESSIEURS , du groupe d’amitié France – Caucase au Sénat MESDAMES, MESSIEURS de l’association Paris – I le – de France,, de l’Institut des Hautes Etudes de D éfense Nationale..
L’institut que j’ai l’honneur de présider a été fondé pour promouvoir les idées visionnaires de Robert Schuman,, ce « père de l’Europe » qui souhaitait pr omouvoir la paix et la solidarité entre les peuples , car pour lui « la loi de solidarité » s’imposait « à la conscience contemporaine »..
Cette loi de solidarité est plus que jamais d’actualité en cette journée mondiale des réfugié((ee))ss,, des hommes,, des femm es et des enfants qui quittent leur pays dans l’urgence avec l’espoir de pouvoir y revenir au plus vite. Nous devons tous œuvrer pour qu’un jour , l e retour pour ces milliers d ’hhommes,, de femmes et d’enfants,, qui cherchent refuge et protection après avoir vécu la guerre et beaucoup de sévices dans leur pays , soit possible.
En 2050 les estimations prévoient que le nombre de réfugiés devrait atteindre 250 millions . Face à ce drame humain n ous devons nous indigner,, et nous soucier du respect des droits et de l a d ignité des réfugié((ee))ss. Ils sont théoriquement protégés par la C onvention de G enève de 1951,, mais sont de plus en plus con sidérés par les États européens comme des migrants illégaux , et traités comme tels..
Aujourd’hui,, comme dans de nombreux pays du monde,, la guerre du Haut – Karabagh e ntre l’Arménie et l’Azerbaïdjan a provoqué presque un million de réfugiés et de personnes déplacées en Azerbaïdjan. Un habitant sur dix est un réfugié ou déplacé,, privé de circ uler librement pour retourner sur sa terre , ou dépossédé de son droit de propriété..
Ces « voyageurs forcés » , nous ne devons pas les oublier.. Ils ont droit au respect de leurs droits.
C’est au nom de cette exigence que nous sommes heureux de nous associer avec le Cercle Européen d’Azerbaïdjan , pour évoquer plus précisément le sujet des réfugiés et des personnes déplacées sur son territoire..
L’objectif de la conférence d’aujo urd’hui est de faire un point sur la situation et d’envisager d es perspectives,, ta nt d’’ un point de vue diplomatique,, qu’’ au regard des initiatives menées par la société civile. La conférence sur la situation des réfugiés d’Azerbaïdjan , qui se tient aujourd’hui au Sénat , est une opportunité pour démontrer que le dialogue peut permettre d’envisager des perspectives diplomatiques associant les initiatives menées par la société civile , dans un pays qui a accueilli près d’un million de réfugiés et de personnes déplacées à cau se du conflit du Haut – Karabagh , qui oppose l’Azerbaïdjan et l’Arménie depuis plus de vingt ans..
La France et l’Azerbaïdjan sont des pays liés par une amitié et un respect profonds et réciproques .
Pour partager des valeurs,, il faut les défendre ensemble et c’est justement l’objet de ce qui nous réunit aujourd’hui : comment améliorer la situation des réfugié((ee))ss dont les droits fondamentaux sont menacés par l’intolérance,, la xénophobie et les discriminations,, des fléaux qui n’épargnent aucun pays quand certa ines parties de la population ne supporte nt plus la présence de l’étranger,, de celles et de ceux venu((ee))ss d’ailleurs,, même s’ils ont fui la guerre et les persécutions ?
Je voudrais mettre l’accent sur le rôle de la tolérance,une condition majeure pour la paix entre les peuples .
La tolérance est une idée souvent menacée,, largement minoritaire.. Dans trop de pays dans le monde aujourd’hui,, on constate la montée des logiques du repli et du rejet,, l’instrumentalisation des crises migratoires,, de la situation t ragique des réfugiés ou des conflits armés,, que l’on exploite pour attiser la haine de l’autre,, stigmatiser les minorités , et légitimer les discriminations.. Les discours racistes et les stéréotypes sur les religions ou les cultures,, cherchent à prouver que les peuples différents ne peuvent pas vivre ensemble , et que le monde irait mieux si nous retournions aux temps anciens o ù les « cultures pures » vivaient dans un entre soi,, protégées des influences extérieures,, dans un passé mythifié qui n’a jamais existé..
Comme l’écrivait Voltaire, dans la « Prière à Dieu »,, extraite de son Traité sur la tolérance : « Tu ne nous a pas donn é un cœur pour nous haïr,, ni des mains pour nous égorger…. . Que tous les hommes puissent se souvenir qu’ils sont frères » .
L’implication du Cercle Européen d’Azerbaïdjan dans cette rencontre va permettre d’aborder cette question sous un angle pragmatique , en essayant de trouver des réponses concrètes à des problèmes qui ne concernent pas que des valeurs et des idées , mais aussi et surtout l’existence quotidienne de milliers de personnes.. Nous ne devons jamais oublier que les idéaux de paix,, de solidarité e t de tolérance , ne sont pas des pétitions de principe : ils sont incarnés,, ils sont vivants,, ils ont des visages,, ils ont une histoire,, ils nous relient dans notre humanité malgré nos différences..
Défendre la diversité de l’humanité , en protégeant les dro its des hommes et des femmes , est la plus belle conjugaison de l’universel et du particulier.. Mais pour cela nous devons accepter de reconnaître l’altérité comme constitu tive à la fois de ce que nous avons en partage,, et de ce qui nous différencie.. Des points de vue différents peuvent se rejoindre quand ils s’orientent vers un horizon commun , sans renoncer à leur regard singulier. De la tolérance que nous nous imposons à nous – mêmes peut surgir une inspiration qui devient le vecteur de diffusion de la t o lérance au plus grand nombre .
Je souhaite de tout cœur,, qu ’aassociée à la tolérance,, notre humanité soit présente dans le cœur de tous ceux qui participent à cette conférence , afin d’ouvrir aux réfugiés d’Azerbaïdjan la porte de l’espoir..
Je vous remercie ,
Yamina Benguigui